Sociétal

Moi le rouge à lèvre

Je n’ai jamais de répit, toujours à droite à gauche, par monts et par vaux, je connais toutes les coulisses des théâtres de la ville.

Comment feraient-elles sans moi grâce à qui leurs visages au petit matin abîmés par la fatigue, les excès de la veille, les affres d’une vie quelquefois tourmentée, retrouvent leur clinquant ?

Quand elles sont sur scène, je suis aux 1ères loges, je permets à leurs lèvres de sublimer les sentiments, quand elles déclament leurs joies, leurs colères, leurs doutes, leurs angoisses.
Il arrive que l’une approche sa bouche pour un baiser langoureux à un amant improbable, alors j’en profite pour laisser ma trace sur la joue de ce dernier pour qu’il soit confondu par le légitime.

Elles se croient moches mais je ne le pense pas. Alors je suis heureux de leur amener couleur et lumière d’une commissure à l’autre. J’en suis même très fier.

Vous pensez que ma vie est fastueuse, toujours sur le devant de la scène… L’essentiel, du temps, je suis dans la pénombre d’un sac à main, trop à l’étroit entre le miroir, mon meilleur copain, les clefs de son cabriolet et sa carte american express. Des fois je vois rouge.

Novembre 2019 – Atelier d’écriture de la MJC d’Ambérieu-en-Bugey animé par Gérard Diet et Louis Desbonne

Auteur

echaume@bugey-internet.fr