Divers

Hommage à Luc

Luc, « ton Luc » , Virginie, « Notre Luc », Lison, Pernette, Florian… Marie-Laure… Annie, Claude,  ta belle famille, tes amis, tes collègues, tu sais, tout le monde est là.

Luc, mon pote, mon frère, ça fait 35 ans, tu te rends compte ?
Boudu con…  depuis 1983 déjà qu’on se connaît… on avait 24 ans.
Tu es venu nous voir pour la 1ère fois, Domi et moi dans notre petit appartement de la Croix-Rousse, 6ème étage, rue Alsace-Lorraine, en septembre.

Le destin nous a fait nous rencontrer autour des mêmes passions, la musique et l’aventure.
Tout ce qui nous rassemble a toujours été plus fort que ce qui nous sépare et nous avions beaucoup d’admiration l’un pour l’autre.

Tu arrives de Toulouse avec ta Simca 1000 jaune flashy, boite auto. Oh Toulouse, tu disais souvent en référence à Nougaro. Tonton t’avait trouvé un job chez TDF et tu vas lancer ta longue carrière d’homme de terrain à distribuer les ondes TV en direct, en France pour commencer – la messe, le foot – et plus tard chez Globecast, les JO, la coupe du monde, le Dakar, le marathon des sables…
 Moi, je venais d’arriver à Lyon où je rejoignais Dominique rencontrée en voyage après avoir quadrillé le monde, comme toi tu allais le faire…

Nous parlons musique, et guitares en particulier. Tu me fais écouter tes enregistrements en concert faits sur un magnéto cassette 4 pistes, avec ton groupe toulousain de « baloche », tes sublimes reprises de Paco de Lucia, Jean-Luc Ponty. On peut aussi t’entendre chanter la Verveine en famille alors que ta voix n’avait pas encore mué.

Je suis bluffé par ta technique et ta précision. Toi sur Gibson, moi sur Ovation, nous revisitons le répertoire Jazz/fusion de l’époque.
Pas de CD encore, des vinyls, plein de vinyls. Tu fais régulièrement la razzia à la FNAC : les derniers Metheny, Robben Ford, Miles, Uzeb, Zappa, Carlton. Larry Carlton, justement, en concert salle Rameau, tu te souviens ? Incroyable. Avec son ES335 branché au mesa boogie, on était sidéré, abasourdi…

On se bouge aussi ensemble : le ping pong et les folles parties endiablées dans les locaux de TDF à la Part-Dieu, le frisbee, la « baballe », le VTT citadin un peu acrobatique sur les escaliers de la X-Rousse.
Et puis, ta passion, dans laquelle tu mets tout ton argent : la planche à voile mais pas n’importe laquelle : le funboard avec un flotteur fait sur mesure, « water sink ». Précis et technique également, comme à la guitare, tu excelles dans l’art de l’empannage  par force 5-6 de vent, duck jibe dans le jargon. Tu m’inities aux figures tendance de ce sport précurseur. Mais je suis gours et je préfère la course à pied. Tous les deux on est habillés fun avec plein de couleurs, tu aimes les belles fringues.

Au fait, tu te souviens, j’avais réussi la prouesse de te faire courir un tour du parc de la tête d’or. Tu as dû me maudire. Enfin, tu ne disais rien, mais ça se voyait bien quand tu faisais la tronche !
Je n’oublierai jamais quand tu m’as accompagné à vélo sur le marathon de Lyon 92, il y avait Cherine aussi, il a fait des belles images, sur VHS-C.

Et puis, l’endroit que tu chérissais par-dessus-tout… PLN, Port La Nouvelle à côté de Narbonne, la maison familiale, » le Casote », un ilôt de paix au cœur de la ville, son jardin, des platanes murier, des pins, les tortues, les cris des mouettes au petit matin, le bruit lointain des chantiers sur le port, Annie, son accueil chaleureux. La 403 break familiale pour aller à la plage, après la sieste, et en revenir burinés par le sel et le soleil. Rosé et BBQ à suivre, saucisse de Toulouse bien-sûr mais aussi, du thon. Jamais tu n’as loupé PLN en juillet.

Tu roules en « caisson ». C’est comme ça que je surnomme ton mini camping car Toyota Lite Ace,  super équipé, musique et couchage qui va t’emmener à la mecque de la planche, Tarifa, je crois. Immatriculé KP 69 comme notre R18 break.
Et puis, tu vas devenir père, fin des années 80, je ne sais plus. Florian… il paraît qu’il te ressemble.

Avec ta gueule d’ange et ce côté taciturne et mystérieux, tu séduis. Tes petites amies sont belles comme tout, mais tu préfères tracer ton chemin seul.
Sophie a été l’une d’elles. Sophie et moi, on se dit qu’à 30 ans passés, ce serait bien de te voir « casé ».
On venait de faire la connaissance d’une belle jeune femme, blonde, Virginie, bonne copine de Sophie. « Faisons les se rencontrer…Virginie et Luc, ils iront bien ensemble », se dit-on !

Alors nous manigançons… Juin 93, nous pendons la crémaillère dans notre maison de campagne  dans le Bugey.
Virginie est invitée mais pas motorisée, on réussi à les mettre en contact et tous les deux viennent ensemble à la fête. Plusieurs mois plus tard, sacré Luc, tu nous dis en passant, comme ça,  que vous étiez en couple. On était heureux.
Et puis un an plus tard, c’est votre mariage, dont je serai le témoin privilégié.
Lison en 95, Pernette en 98, viennent faire le bonheur de votre beau couple.

Virginie, ton courage force notre admiration. Ton beau Luc est parti rejoindre Annie, mais il est toujours là pour toi, pour nous tous…
Notre Luc, tu vas bientôt rejoindre la mer, les flots et les embruns, tu y seras bien.

Crématorium de Bron, avril 2018

Auteur

echaume@bugey-internet.fr